Let the stormy clouds chase. I'm just singing in the rain [PV Hidan]

Une semaine de repos, Akira n’en voyait pas vraiment la nécessité, mais il s’y plia, tout comme son équipe. Il profita déjà de deux jours où il laissa le loisir à son corps de récupérer un peu des entraînements (surtout) et des missions, même si ces dernières n’avaient rien d’extraordinaire. Ce qui était clairement agaçant, mais le jeune Kiyoshi prenait sur lui, restant à sa place en attente de l’heure où il passerait à tout un autre cap. Il avait pris cette habitude avec son père, se taire tant que la goutte ne faisait pas déborder le vase, jusqu’à pouvoir obtenir son indépendance. Qu’il aurait adoré avoir ce matin quand son cher paternel le réveilla particulièrement tôt avec toute la douceur dont il était capable envers lui, à savoir aucune. Quittant la chaleur de ses draps, il prit une rapide douche, s’habilla pour ensuite le rejoindre dans la cuisine. Son père lui expliqua alors qu’il allait devoir l’accompagner au pays de la pluie pour servir en gros de porteur de ses achats qui seront volumineux mais légers. Logique en somme, son père comptait l’amener pour la première fois lors de ses courses de plantes pour mettre au point des antidotes contre le poison de leurs épines. Akira se doutait que son père espérait pouvoir lui refiler plus tard la tâche à faire et se la couler douce au chaud à Suna. Mais soit, ça lui permettrait de voir une autre culture, il ne s’était jamais aventuré au pays de la pluie.

C’est ainsi que tous deux quittèrent Suna, vêtus légèrement pour la traversée du désert, mais avec un manteau dans le sac. Akira s’attendait à un climat certes plus froid et plus humide, mais il restait assez optimiste sur le fait que ça ne devait pas être si terrible que ça. Tout se passa sans encombre, le sable disparut, et une végétation s’installait peu à peu, devenant plus verdoyante au fur et à mesure maintenant qu’ils avaient passé la frontière. La fraîcheur prit place, la terre se fit plus humide, et un frisson traversa le dos du blond qui brisa un long silence qui avait duré en dehors de quelques échanges du genre « Arrêtons-nous un peu » ou encore « Il te reste de l’eau ? ». Là, Akira demanda à son père de s’arrêter pour mettre son manteau, par-dessus sa tenue beige fort simple, à savoir un pantacourt et un tee-shirt. Son manteau étant couleur sable, il passerait fort bien inaperçu dans le désert, mais là… Il aurait mieux valu adopter des tons verts, marrons ou gris. Enfin, peu importait, il observa son père l’imiter aussi et l’interrogea sur le reste de chemin qui leur restait. Ils avaient encore une heure devant eux, mais au moins, ils arriveraient en début de soirée. Le silence reprit alors sa place, et ils avancèrent pendant encore une bonne demi-heure avant qu’une pluie torrentielle ne s’abatte sur eux. Si son père continua tranquillement en détachant le parapluie lié à son sac pour l’ouvrir, Akira en resta scotché. Il avait à peine sentit quelques gouttes tomber qu’il prenait une bonne douche là, littéralement… Il s’empressa de déloger le parapluie que son paternel lui avait passé de son sac, mais durant le temps pris, il avait déjà les cheveux tout dégoulinants d’eau qui s’aventura désagréablement dans sa nuque. Une fois le parapluie au-dessus de sa tête, le blondinet remonta plus le col de son manteau, tout en jetant un coup d’œil à son père qui continuait à marcher comme si de rien était. Humph… Il ne lui avait pas dit que c’était d’aussi fortes pluies ici… Il pressa le pas, accompagné de flip flop avec les flaques, et il glissa sa main libre dans la poche de son pantalon, avec une petite mauvaise humeur du moment.

Le silence à nouveau, plus précisément en paroles, la pluie apportait un bruit de fond qui leur suffisait à tous les deux. Enfin, une ville se dessina devant eux. Les deux shinobis de Suna rejoignirent la rue principale se mêlant à la foule qui parut bien triste au plus jeune, silhouettes grisâtres perçant ci et là le rideau de pluie. Il avait hâte de pouvoir entrer à l’intérieur d’un de ces magasins, pour être plus au sec. C’était plus extrême comme climat qu’il ne le pensait et s’il ne revenait pas enrhumé, ce serait un miracle ! Il perçut des regards curieux se poser sur eux mais il préféra les ignorer, après tout, ils ne faisaient rien de mal et son père était un habitué. Il avait son fournisseur précis. D’ailleurs, il remarqua deux pas en trop que son père s’était arrêté devant un magasin à l’enseigne d’un bleu foncé avec des plantes en présentoir qui semblaient se prélasser de l’abondance de l’eau. Il revint donc sur ses pas, ne remarquant pas l’échoppe plus douteuse à côté. Il entra à la suite de son paternel qui fut chaleureusement accueilli par un vieil homme. Akira préféra rester en retrait après l’avoir salué et avoir eut droit à un « Oh voilà donc ton fils ! ». Il n’était pas si concerné que cela vu que son père s’empressa de détourner le sujet sur la famille du marchand. Le jeune garçon se mit au bout d’un moment à parcourir des yeux les étales avec une curiosité affichée tout en réserve. Il reconnut quelques plantes qu’il avait déjà vu son père utiliser, d’autres venant de bouquins qu’il avait lu, au final il devait y avoir une dizaine qu’il ne connaissait pas. S’approchant d’une aux larges feuilles tombantes et sans fleurs, il ralentit ses gestes, percevant d’abord les voix devenir que des murmures, avant que son père ne lui dise autoritairement d’attendre dehors.

Akira cligna des yeux un instant, bien qu’il sache que son père n’était pas du genre à plaisanter avec lui, il aurait préféré que ce soit le cas. Il laissa un soupir blasé s’échapper de ses lèvres, mais obéit, ne dissimulant pas trop qu’il n’appréciait pas les cachoteries de son paternel pour une fois. Il claqua la porte sciemment derrière lui, avant de rouvrir à nouveau son parapluie. Jugeant que son père en avait pour un moment, il décida qu’il pouvait bien arpenter la rue principale, plutôt que de rester sans bouger. Il se remit alors en marche, tournant la tête vers deux enfants qui sortirent en courant d’une maison, pieds nus et en tee-shirt, leur mère apparaissant à la porte avec un tablier leur hurlant de revenir de suite. Cette scène attira bien son attention, son regard rivé sur les deux gamins revenant en rigolant et en mettant de l’eau partout là où ils passaient. Une véritable famille, une mère comme il en avait connu une… Il s’absenta un peu, un brin mélancolique à cet instant pour bousculer, tout en donnant involontairement un coup de parapluie, un homme qui était devant l’échoppe douteuse se trouvant juste à côté du fleuriste de son père. Akira refit de suite surface et s’excusa en marmonnant assez fort pour se faire entendre malgré la forte pluie.

« Pardon… »

Le jeune garçon allait reprendre son chemin sans s’attarder, avant de marquer juste un léger temps à la vu d’un manteau noir avec des nuages rouges dessus entourés de blanc. Tiens, qu’est-ce que c’était que ça ? Il n’avait jamais vu des gens avec de tels manteaux. Une nouvelle mode ? Ou est-ce que ça signifiait quelque chose en particulier ? Il ne bougea pas alors, relevant les yeux vers l’homme en question, indifférent s’il lui avait fait mal ou pas avec son parapluie. Il fixa un instant les cheveux gris clair de ce dernier, ignorant tout d’abord toute prise de paroles, regardant autour d’eux si d’autres portaient ces manteaux particuliers.

Tu peux me faire un procès pour mon retard si tu veux. PARDON. C'est inexcusable.

Hidan n'avait jamais été patient. Lorsque Nagato l'avait commis d'office avec Kakuzu, sans vraisemblablement prendre le temps d'y réfléchir, il s'était dit qu'il avait été très mauvais juge de caractère. Après tout, comment pouvait-on décemment penser qu'ils seraient tout deux assez bons coéquipiers pour pouvoir capturer les jinchuriki sans se faire tuer faute d'entente et d'entre aide ? L'homme avait une idée très tranchée de l'esprit d'équipe, c'est pour cette raison que lorsqu'il fut contraint de remarquer que leur escouade réduite marchait à merveille, il en fut particulièrement étonné, et contrarié de surcroit. Dans les premiers temps, seulement. Passé la période de reconnaissance de l'autre, il avait apprit à apprécier autant que faire ce peut le nukenin de Taki. Cela dit, il ne l'excusait pas de tout. D'accord, il détestait son adoration injustifiée pour l'argent, sa manière de se buter dans son mutisme arrogant, son implacable stoïcisme – et ce en toute circonstances – mais ce qui commençait également à lui filer de l'herpès, c'était sa manie de ne jamais prendre en considération ce que Hidan pouvait bien lui dire. Et il était décidément trop peu patient pour rester parqué dans sa rancœur puérile.

L'immortel poussa un soupir d'agacement. Quel pays de merde. Ça faisait bien trois jours qu'il pleuvait sans discontinuer, trois jours où ils flottaient dans leur vêtements devenus lourds avec l'eau qui les imprégnait, et trois jours qu'ils ne pouvaient être au sec que durant la nuit, parce que les restaurants ou autre luxes de fortunes coûtaient «trop chers pour ce qu'ils étaient ». Il nota dans un coin de sa tête de l'envoyer voir ailleurs s'il y était la prochaine fois que Kakuzu lui reprocherait de leur faire perdre du temps. Gérer les finances de l'Akatsuki, c'était une chose, il y concédait. Mais leur faire faire des allers et retours incessants et sans grand intérêt, c'était une autre affaire à laquelle il n'adhérait pas – ou plus - du tout. Hidan plissa le nez de contrariété, histoire de marquer le coup. Il avait, heureusement, la chance ne pas être d'une nature défaitiste, aussi l'espoir qu'il nourrissait que Kakuzu termine ce qu'il avait à faire ici était teinté d'une impatience puérile. Le chapeau qu'il portait continuait plus ou moins de le protéger des intempéries, mais il félicitait surtout sa capacité à ne pas brouiller sa vision qui était déjà particulièrement amputée par le rideau de pluie. Le ninja jeta un coup d'œil à son coéquipier, qui observait les échoppes de la ville avec un détachement clinique. Lui ne connaissait même pas le nom de ce patelin paumé – et pour cause, il ne souhaitait qu'une chose : repartir à la recherche de ce foutu jinchuriki et qu'on en termine une bonne fois pour toute en espérant que rien de fâcheux ne vienne sabrer les jours qu'ils avaient passé à lui mettre la main dessus.

A vrai dire, Hidan n'avait pas une idée précise de ce qui les avait amené ici. C'était une histoire d'argent - beaucoup d'argent; de mort et de service rendu, mais l'immortel ne voulait rien savoir de plus. Après tout, ça ne le regardait pas, il préférait suivre de loin bien que la situation ne lui plaisait pas le moins du monde. Il porta aux passants vaquant à leurs occupations un regard maussade, reniflant allégrement lorsqu'il balaya des yeux les étales de produits parfaitement inutiles sur lesquels on se penchait avec un intérêt précaire.
« C'est là. » grogna Kakuzu en s'arrêtant brusquement. Hidan plissa les yeux, cherchant du regard ce qui pouvait bien être là, avant d'apercevoir un apothicaire coincé entre deux autre boutiques. Une faible lumière tremblait devant les carreaux sales. Le jeune homme allongea le pas pour observer l'intérieur gris, encombré de breloques douteuses.
« Hors de question que je rentre la d'dans ! Je t'attendrai dehors, mais franchement, Kakuzu, tu devrais avoir honte de nous faire faire un si grand détour pour ça. » Du menton, il désigna la minuscule échoppe. « Enfin, dépêche toi, je vais pas t'attendre indéfiniment sous ce temps pourri. » Son coéquipier lui jeta un regard sombre, avant de pénétrer l'intérieur du magasin. L'immortel rentra ses mains dans ses manches et poussa un profond soupir. En s'étirant, il jugea que tout ceci l'emmerdait vraiment. Il ne redoutait pas vraiment Pain, mais se faire engueuler par cet opportuniste l'agaçait prodigieusement. Ils n'avaient pas encore capturé Ninbi; ca faisait pas moins de trois semaines qu'ils le recherchaient, et leur supérieur commençait à s'impatienter, ce qui était, somme toute, légitime. Un regard un coin lui fit apercevoir un garçon blond sortir de la boutique de droite et ouvrir son parapluie. Il fronça légèrement les sourcils pour se concentrer sur quelque chose qui attiserait plus sa curiosité, mais l'instant suivant, il sentit un poids le heurter assez brutalement pour le sortir définitivement de ses contemplations intérieures. Hidan se retourna brusquement vers le gosse qui l'observait avec curiosité. « Tu peux pas faire gaffe quand tu marches, gamin ! » Il évinça consciencieusement l'excuse du petit en aboyant rageusement. « Grouilles toi de te barrer de là, ou j'te jure que j'te fais la peau. » Un sourire acéré s'étala sur son visage. Bien entendu, il n'avait pas l'intention d'éviscérer un marmot en pleine rue ( il n'était pas certain que Kakuzu le laisse faire, du reste. ) mais son impatience ne lui permettait aucune politesse.

L’ignorance peut paraître parfois salutaire bien des fois, mais là, Akira était quand même dérangé par le comportement de son père. Qu’est-ce qu’il pouvait bien avoir à lui cacher encore dans ses achats ? Ou n’était-il pas là que pour des plantes ? Il pouvait être si simple de fermer les yeux et faire comme si de rien n’était, mais il faudrait déjà qu’il n’ait plus les questions précédentes en tête. La vision de gamins et de leur mère l’aida pour que ses pensées s’échappent vers le souvenir de la présence maternelle qui manquait maintenant à leur clan. Vision qui disparut très vite par l’intervention d’un obstacle extérieur. A savoir un homme aux cheveux gris et au drôle de manteau qu’il bouscula. Il s’excusa bien évidemment et se laissa aller à l’étrange intrigue devant ses yeux. Il se demandait ce qu’était cette tenue peu ordinaire que portait l’individu dont il entendit la voix rageuse sans porter attention dans un premier temps au sens de ses mots. Il tourna la tête en même temps que le « gamin » prononcé par l’homme. Ne voyant personne vêtu de la même façon, il songea à la possibilité d’être face à quelqu’un d’original voir de marginal. Sûrement un « M’as-tu vu ? » de première catégorie. D’ailleurs, le jeune genin de Suna cilla lentement, une certaine surprise se lisant sur son visage. Oui, là, il avait compris ce que venait de lui dire son interlocuteur. Lui faire la peau ? C’était censé être une plaisanterie ?

Alors que l’homme affichait un sourire acéré, le blondinet prit un air blasé et pas du tout effrayé. Ce n’était pas qu’il estimait son interlocuteur incapable de réaliser ses dires, il était conscient qu’il devait rester prudent. Mais, son premier sentiment était de se trouver face à un malade mental qui usait de menace extrême comme une façon de s’imposer. Effrayer les gens était peut-être sa façon de communiquer… Akira eut la vision de plusieurs eisenin à la recherche d’un patient dérangé mentalement qui s’était échappé de l’hôpital. Et manque de bol, il était tombé sur le spécimen. Et ça expliquait du coup sa tenue ! Qui n’avait certes rien de loufoque mais qui amenait à se poser des questions. Enfin, il devait faire attention et pesait le poids de ses mots avant de les prononcer. Tout d’abord amenait l’individu à se calmer peut-être et tout en politesse. Il y avait la possibilité que ce soit le genre de choses qui énerve l’homme devant lui, mais, il n’allait pas tenter le diable à faire le rebelle ou adopter le comportement de l’autre. Les passants étaient assez nombreux dans la rue malgré le mauvais temps, seulement, ça ne suffisait pas pour se rassurer. Quelque chose lui disait que l’individu face à lui ne se retiendrait pas à cause de spectateurs. Qui sait, ça pourrait même l’amuser et réveiller des pulsions meurtrières. Le blondinet se sentait du coup bien petit, ce qu’il préféra ignorer là. Il était resté silencieux le temps de ses pensées, et il valait mieux ne pas agacer davantage l’autre.

" A nouveau, je vous prie de m’excuser. Cependant, je tiens à vous signaler qu’il n’y a pas mort d’homme, il est donc par conséquent inutile de me menacer ainsi. "

Akira pensa à son sensei qui lui dirait sûrement à ce moment-là de se la fermer plutôt et de se barrer. Mais il n’en avait pas envie, peut-être par fierté, ou juste ne pas se laisser faire, ou même l’idée idiote d’aider l’homme alors qu’il n’en avait rien à faire de lui. Il savait que si celui-ci voulait se battre, sûrement un shinobi à son allure et cette faux qu’il portait, il risquait bien de ne pas faire le poids, rien que par l’expérience. Il avait d’ailleurs adopté une façon de parler un peu plus mâture, histoire de faire un peu « oublier » qu’il n’était qu’un gamin facile à battre.

"Me menacer de mort pour si peu, ça vous fait perdre toute crédibilité sur votre contrôle. Et si vous êtes recherché, vous devriez choisir une tenue plus commune."

C’était sortit tout seul. Décidément, il avait bien des élans suicidaires parfois, ou il était plus confiant qu’il ne le pensait sur ses capacités pour esquiver des attaques. Il n’avait pas conscience aussi que l’homme pouvait en effet être recherché, même si ce n’était pas par des eisenin.

"Votre manteau n’est pas du tout discret. Personne d’autre n’en porte… Ah, et vouloir tuer quelqu’un en pleine rue, surtout quelqu’un comme moi, ça ne peut que vous rabaisser."

Akira remuait un peu le couteau dans la plaie, si jamais il y avait blessure à ses mots. L’individu avait peut-être une fierté mal placée, pour ne pas supporter qu’un gamin lui parle de cette façon. Bon, ça allait suffire, il avait dit en douceur ce qu’il pensait, il était donc temps de penser à s’éclipser sans que ce soit non plus une fuite. Il changea son parapluie de main, objet plus encombrant mais qui au moins le protégeait davantage que le chapeau de son vis-à-vis.

"Je vais vous laisser sur ce, ne vous énervez pas trop inutilement. "

Akira eut le bon sens de garder toute son attention sur l’homme à la faux, il ne valait mieux pas lui tourner le dos, surtout qu’il savait que ce dernier pouvait penser qu’il osait le « prendre » de haut. Ce qui n’était pas faux. Une phrase avait suffit à enlever au blondinet la notion de respect qu’il devait à quelqu’un de plus âgé.